D’ici 2050, la population d’Afrique passera de 1,51 milliard de personnes à 2,45 milliards. Cette puissance démographique va propulser l’Afrique au rang d’une grande puissance économique. Le PIB Africain de 2050, dans les scénarios les plus modestes, étant en valeur absolue le PIB de la Chine aujourd’hui (1).
Mais cette puissance démographique ne révèlera tout son potentiel que si, durant les trois prochaines décennies, l’éducation est considérée comme une priorité absolue. Sur le moyen et le long terme, l’éducation est le facteur de changement le plus puissant, c’est l’instrument le plus efficace pour lutter contre la pauvreté et les inégalités. Et plus généralement, elle est essentielle à la réalisation de chacun des 17 objectifs de développement durable.
A titre d’illustration, sur deux cartes, la première indiquant le taux de pauvreté dans le monde (2), le second montrant les taux d’alphabétisation (3) (Premier indicateur du niveau d’éducation d’un pays) on peut observer une forte corrélation entre les deux maps. Les pays ayant les taux d’alphabétisation les moins élevés sont fatalement les moins développés.
Si aujourd’hui les enjeux autours de cette question sont reconnus, et d’ailleurs, des politiques d’accès à l’éducation sont déjà en train d’être appliqués sur le continent, ces efforts doivent aussi être étendus à l’ensemble des acteurs impliqués dans le processus de transmission des savoirs et des savoir-faire dont l’industrie de l’édition.
Après les bons enseignants, la meilleure opportunité d’apprendre pour un enfant est d’avoir un bon livre.
La banque mondiale, à titre d’exemple, admet qu’après les bons enseignants, la meilleure opportunité d’apprendre pour un enfant est d’avoir un bon livre. Je pense que cela définit parfaitement le rôle essentiel des livres. Tous les livres, et pas seulement les manuels, fournissent les meilleures opportunités d’apprentissage possibles.
Si vous voulez que l’édition influence l’éducation d’un pays, elle doit être également endogène.
Aujourd’hui, le marché des manuels éducatifs, mais plus généralement des livres, est dominé par les produits importés. Le savoir-faire (Know-how) local et africain tend à être éclipsé par les savoirs (Know-what) universels. Mais les deux peuvent et doivent cohabiter.
Dans un monde de plus en plus globalisé, il est important d’acquérir les savoirs universellement reconnus, répondant aux conditions épistémologiques de la science moderne, marqué par le sceau de la rigueur dans la collecte des informations, validé par la multiplication des expériences et débarrassé de toute irrationalité (4). L’acquisition de ces savoirs scientifiques, à vocation universelle et normative est nécessaire, sous peine d’être marginalisé dans la cité globale.
Mais comme dit plus haut, le savoir-faire local tend à s’effacer justement parce qu’à l’opposé des savoirs universels, il est expérientiel, pragmatique mais progressif et surtout ancré dans une expérience ou un contexte qui lui est particulier. Et d’une certaine manière, c’est dans cette forme d’exclusivité que réside tout le potentiel des savoir-faire locaux. Car ils répondent aux questions africaines d’une manière pragmatiques et sont les réponses les mieux adaptées au contexte dans lequel évoluent les sociétés et les entrepreneurs africains.
Pour des enjeux patrimoniaux et identitaires mais aussi pour la connaissance dans son ensemble, ce savoir-faire doit-être enseigné et transmis aux générations futures de la même manière que l’on transmet les savoirs scientifiques.
- L’Afrique deviendra une grande puissance économique” – Jean-Michel Severino: https://www.youtube.com/watch?v=A2kwLTXUWn8
- https://en.wikipedia.org/wiki/List_of_sovereign_states_by_percentage_of_population_living_in_poverty
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_pays_par_taux_d%27alphab%C3%A9tisation
- https://scienceetbiencommun.pressbooks.pub/justicecognitive1/chapter/la-place-des-savoirs-locaux-endogenes-dans-la-cite-globale-essai-de-justification/